Flitterwochen in Chaospolis & (Nicht sehr) saubere Nomen/Namen
von Mustapha Benfodil

Für Paris!
Für alle Opfer
der freiheitsbedrohenden Barbarei …

Flitterwochen in Chaospolis


Wir haben uns in Tunis kennengelernt
Wir haben uns in Gaza geliebt
Wir haben uns in Beirut verpasst
Wir haben uns in Paris geküsst
Wir haben in Algier geheiratet
Wir sind nach Bagdad geflogen
Wir sind durch die Bomben gestorben
Und unsere Herzen haben eine NGO gegründet
Zum Schutz der Liebesbeziehungen mit hohem Risiko
Und für die Fortsetzung der Leidenschaft in den Gräbern

(Nicht sehr) saubere Nomen/Namen 1

Lange Zeit wurde eine große Zahl meiner Papierbrüder, die als zu „unhöflich“ galten, aus den Schulen, den Universitäten, dem Fernsehen, den öffentlichen Bibliotheken und den intellektuellen Kolloquien verbannt.

Lange Zeit veröffentlichte das Sprachministerium jeden Morgen die Liste der Wörter, die in den Mund zu nehmen an diesem Tag nicht schicklich war.

Nicht sehr saubere Wörter/Namen.

Ersetzt durch saubere Wörter/Namen, sehr sauber, sehr comme il faut, korrekte, höfliche, glatte, von der Polizei, der orthodoxen Grammatikpolizei abgesegnete Wörter.

Wohlerzogene Wörter, die sorgfältig von der lexikalischen Brigade gefiltert worden waren.

Eine Literatur von Beamten, die auf der Lohnliste des Phrasendreschereiministeriums standen.

Unterwürfige Schreiberlinge für eine Gehorsamsliteratur.

Und die Leute, die man nicht hören durfte: Dichterinnen, Schriftsteller, Chronistinnen, Tribune, Aktivisten, Publizistinnen, Leitartikler, Meddâh (populäre Sänger), Spielleute und andere Sänger des Raï, dem schweflig-skandalträchtigen Genre par excellence.

Alle Raï-Lieder wurden im Radio verboten.

Nicht sehr saubere Wörter/Namen ersetzt durch saubere Wörter/Namen.

GRAMMATOLOGIE (Derrida) zitiert die Worte des Kindes aus El Biar: „Der Krieg der Eigennamen folgt auf die Ankunft des Fremden.“

Und die Leute wurden zu Fremden in ihrer eigenen Sprache, in ihrem eigenen Dialekt, Dorf, Vaterland, in ihrer Mutter-, Vater-, Brudersprache, in ihrer ewigen Sprache, in ihrer eigenen Privatsphäre, in ihrem eigenen Dorf, in ihrem eigenen Haus, in ihrer eigenen Hose, im Hohlraum ihres Herzens und in den versteckten Winkeln ihrer Seele und in der Spalte ihrer Einsamkeit; zu Fremden in ihrer eigenen Sprache, seit man sie in den Schulen, in den Moscheen, in den Cafés, im Kino, im Theater, im Fernsehen nie mehr hörte, da sie sich nicht die Nomenklatur der Sauberen Worte angeeignet hatten, sie, die einfachen Leute.

Die Leute ohne Eigennamen.

Die namenlosen Leute.

Ohne Familiennamen.

Die Obdachlosen der Sprache.

Ausgeschlossen aus dem Thesaurus der offiziellen Wörter und dem Zentralen Logos.

Lange Zeit hat man den Schriftstellerinnen befohlen, höflich zu schreiben, hübsch zu schreiben und das Maul zu halten, wenn sie gelesen werden wollten.

Anschließend wollte man ihnen allen Ernstes das Maul stopfen.

Für immer.

Es war die Ära des Verbs Allahs, das alle Verben verdrängt.

Alle Wörter.

Lies im Namen Allahs, deines Gottes, der alles geschaffen hat.

Der alles ausgehend von einem Verb geschaffen hat.

Dem Verb „LESEN“.

Doch sie lasen nicht „im Namen von Ihm“.

Sie lasen nur Ihm.

Nur das.

Unter Ausschluss aller anderen Rede.

Als wäre alles Übrige Die satanischen Verse.

Und sie verfügten, dass nur sie das Recht hätten, veröffentlicht, gelesen, kommentiert zu werden.

Geblendet davon, dass das Faksimile des Korans auf ihren Hypothalamus gedruckt war.

Und sie machten eine Superwerbung für Ihn.

Als hätte Gott einen Literaturagenten nötig.

Und sie trübten die Stimmung, versetzten die Bibliotheken in eine religiöse Stille.

Eine Totenstille.

Durch eine Kugel in die Erzählung.

Und das war keine Metapher.

Und sie legten sie einen nach dem anderen um.

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TAHAR DJAOUT

DJILLALI LIABES

SAID MEKBEL

ABDELKADER ALLOULA

AZZEDDINE MEDJOUBI

YOUCEF SEBTI

LAADI FLICI

CHEB HASNI

NABILA DJAHNINE

MAHFOUDH BOUCEBCI

M’HAMMED BOUKHOBZA

BAKHTI BENOUDA

RACHIDA HAMMADI

AHMED ASSELAH

RABAH ASSELAH

AMEL ZENOUN

SMAIL YEFSAH

YOUCEF FATHALLAH

YASMINE DRISSI

OMAR OUARTILANE

ALLAOUA AIT MEBAREK

MOHAMED DORBANE

NAIMA HAMOUDA

BRAHIM GUEROUI

MATOUB LOUNES

Djaout (ermordet am 26. Mai 1993) hatte vorhergesagt: „Zum jetzigen Zeitpunkt haben sie bereits alle Bücher in einem exorzierenden Feuer verbrannt. Sie haben die Gefahr der Wörter, aller Wörter begriffen, die sie nicht zu zähmen und zu betäuben vermochten. Denn diese Wörter tragen, aneinandergereiht, den Zweifel, die Veränderung in sich. Die Wörter dürfen auf keinen Fall die Utopie einer anderen Art von Wahrheit, ungeahnter Wege, eines anderen Ortes des Denkens nähren. Diejenigen, die sich der Anweisung widersetzen und sich an die unkontrollierten Wörter klammern, müssen unschädlich gemacht werden. Durch Mundtotmachen, Liquidierung, falls nötig.“ (Le Dernier Été de la Raison)


—Mustapha Benfodil, L’AntiLivre. Fragments de déchets littéraires (Auszüge)

Aus dem Französischen von Michael von Killisch-Horn


*Das Original in Französisch und Arabisch finden Sie unten.

À Paris !
À toutes les victimes
de la barbarie liberticide…

Lune de miel à Chaospolis

Nous nous sommes connus à Tunis
Nous nous sommes aimés à Gaza
Nous nous sommes manqués à Beyrouth
Nous nous sommes embrassés à Paris
Nous nous sommes mariés à Alger
Nous nous sommes envolés vers Bagdad
Nous sommes morts sous les bombes
Et nos cœurs ont fondé une ONG
Pour la protection des amours à haut risque
Et la continuation de la passion sous les tombes

Noms (pas très) propres

Pendant longtemps, une flopée de mes frères de papier, jugés trop « impolis », était bannie des écoles, des universités, de la télé, des bibliothèques publiques et des colloques intellos.

Pendant longtemps, le Ministère de la Langue publiait chaque matin la liste des mots qu’il n’était pas de bon ton de prononcer ce jour-là.

Des mots / des noms pas très propres.

Remplacés par des mots / des noms propres, très propres sur eux, très comme il faut, des mots corrects, polis, lisses, validés par la police, la Police de la Grammaire Orthodoxe.

Des mots BCBG, soigneusement filtrés par la brigade lexicale.

Une littérature de fonctionnaires émargeant au Ministère de La Langue de Bois.

Des scribes obséquieux pour littérature obéissante.

Et les gens qu’il ne fallait pas écouter : poètes, écrivains, chroniqueurs, tribuns, activistes, publicistes, éditorialistes, meddah, ménestrels, et autres chanteurs de raï, le genre sulfureux-scandaleux par excellence.

Toutes les chansons raï étaient interdites de radio.

Des mots / des noms pas très propres remplacés par des mots / des noms propres.

DE LA GRAMMATOLOGIE (Derrida) rapporte ces mots de l’enfant d’El Biar : « La bataille des noms propres suit l’arrivée de l’étranger ».

Et les gens devenaient étrangers dans leur propre langue, dans leur propre patois, patelin, patrie, dans leur langue maternelle, paternelle, fraternelle, dans leur langue éternelle, dans leur propre intimité, dans leur propre douar, dans leur propre maison, dans leur propre pantalon, dans le creux de leur cœur et les replis de leur âme et l’anfractuosité de leur solitude ; étrangers dans leur propre langue depuis que, dans les écoles, dans les mosquées, dans les cafés, au cinéma, au théâtre, à la télévision, ils n’étaient jamais entendus, n’ayant pas assimilé la nomenclature des Mots Propres, eux les gens de peu.

Les gens sans nom propre.

Les gens sans nom tout court.

SNP.

SDF de la langue.

Exclus du Thésaurus des mots officiels et du Logos Central.

Longtemps, on a enjoint aux écrivains d’écrire poli, d’écrire joli et de fermer leur gueule, pour être lus.

Après, on a voulu leur clouer le bec pour de vrai.

Pour de bon.

C’était l’ère du Verbe d’Allah supplantant tous les verbes.

Tous les mots.

« Lis au nom du Seigneur ton Dieu qui a tout créé ».

Qui a tout créé à partir d’un verbe.

Le verbe « LIRE ».

Mais eux, ils ne lisaient pas « au nom de Lui ».

Ils ne lisaient que Lui.

Que ça.

À l’exclusion de toute autre parole.

Comme si tout le reste, c’étaient Les Versets Sataniques.

Et ils décrétèrent que seuls eux avaient le droit d’être publiés, lus, commentés.

Obnubilés qu’ils étaient d’avoir le fac-similé du Coran imprimé sur leur hypothalamus.

Et ils lui faisaient une promo d’enfer.

Comme si Dieu avait besoin d’un agent littéraire.

Et ils plombèrent l’ambiance, plongèrent les bibliothèques dans un silence religieux.

Un silence de mort.

D’une balle dans la narration.

Et ce n’était pas une métaphore.

Et ils les butèrent un à un.

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TAHAR DJAOUT

DJILLALI LIABES

SAID MEKBEL

ABDELKADER ALLOULA

AZZEDDINE MEDJOUBI

YOUCEF SEBTI

LAADI FLICI

CHEB HASNI

NABILA DJAHNINE

MAHFOUDH BOUCEBCI

M'HAMED BOUKHOBZA

BAKHTI BENOUDA

RACHIDA HAMMADI

AHMED ASSELAH

RABAH ASSELAH

AMEL ZENOUN

SMAIL YEFSAH

YOUCEF FATHALLAH

YASMINE DRISSI

OMAR OUARTILANE

ALLAOUA AIT MEBAREK

MOHAMED DORBANE

NAIMA HAMOUDA

BRAHIM GUEROUI

MATOUB LOUNES

Djaout (assassiné le 26 mai 1993) l'avait prédit : « À l’heure qu’il est, ils ont déjà brûlé tous les livres en un incendie exorcisant. Ils ont compris le danger des mots, de tous les mots qu’ils n’arrivaient pas à domestiquer et à anesthésier. Car les mots, mis bout à bout, portent le doute, le changement. Il ne faut surtout pas que les mots entretiennent l’utopie d’une autre forme de vérité, de chemins insoupçonnés, d’un autre lieu de la pensée. Ceux qui, défiant l’injonction, s’agrippent aux mots incontrôlés, doivent être mis hors d’état de nuire. Par le bâillonnement, la liquidation si nécessaire ». [Le Dernier été de la Raison]

Mustapha Benfodil, L'AntiLivre. Fragments de Déchets Littéraires (Extrait).

(1) Der Autor spielt im Folgenden mit der doppelten Bedeutung der Wörter nom und propre. Nom propre bedeutet zum einen „Eigenname“ und zum anderen „sauberer Name/sauberes Nomen/Substantiv“. (Anm. d. Ü.)

Aus dem Französischen von Michael von Killisch-Horn

Gepostet in Notizen am 15.12.2015
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