Brief des Teams der documenta 14 zu den Anschlägen vom 12. und 13. November 2015 in Beirut und Paris

Letzten Donnerstag, am Morgen des 12. November, kamen wir in Beirut an. Später, am gleichen Abend, erschütterten zwei Explosionen die südlichen Vororte der Stadt. 43 Menschen wurden getötet, mehr als 239 verwundet. Am Freitag, 13. November, erschütterte eine Reihe koordinierter Anschläge das Zentrum der Stadt Paris, an sechs verschiedenen öffentlichen Orten. Heute, am 15. November 2015, wurde die Zahl der Opfer mit 129 Toten und 352 Verletzten, davon fast 100 sehr schwer, bestätigt.

Wir sind nach Beirut gekommen, um an Home Works 7 teilzunehmen, einem Forum on Cultural Practices von Ashkal Alwan, der Libanesischen Vereinigung für Bildende Künste (die seit dem Jahr 1993 besteht). Dabei handelt es sich um Ausstellungen, Programme für die allgemeine Öffentlichkeit und Begleitveranstaltungen, die eine große Zahl von herausragenden Künstlerinnen und Künstlern sowie Theoretikerinnen und Theoretikern aus dem Nahen Osten und von außerhalb der Region zusammenbringen sollte.

Mit dem konfrontiert, was auf den ersten Blick unaussprechlich erscheint – konfrontiert mit dem Tod –, wurde uns, während wir den Gesprächen zuhörten und Fachleuten unterschiedliche Gebiete in Ashkal Alwan bei ihren Auftritten zusahen, klar, wie wichtig es ist, nicht zu verstummen. Wir dachten und fühlten, dass es möglich sein sollte, diesen vielen Stimmen, die wir bei Home Works 7 gehört hatten, auch im Rahmen der documenta 14 ein Echo zu geben; eineinhalb Jahre vor ihrer geplanten Eröffnung in Athen und Kassel.

Auf der documenta 14 Webseite werden wir Erklärungen veröffentlichen, Notizen, Fragmente und Zitate, die von jenen vorgebracht werden, die wir in Beirut, bald in Algerien und anderswo treffen. Denn viele Mitglieder unseres Teams befinden sich in diesem Moment an unterschiedlichen Orten des Erdballs, während sich die Wirklichkeit um uns alle in den letzten fünf Tagen auf grundlegende Weise verändert hat.

Diese Erklärung ist eine Einladung. Und dies hier eine erste Stimme.


Kinder der Zeit

Wir sind Kinder der Zeit,
die Zeit ist politisch.

Alle deine, unsere, eure
Tagesgeschäfte, Nachtgeschäfte
sind politisch.

Ob du es willst oder nicht,
die Vergangenheit deiner Gene ist politisch,
die Haut hat politischen Schimmer,
die Augen politischen Aspekt.

Wovon du sprichst, hat Resonanz,
wovon du schweigst, ist beredt,
so oder anders politisch.

Sogar wenn du gehst, im Wald und auf der Heide
setzt du politische Schritte
auf politischen Boden.

Die apolitischen Verse sind auch politisch,
und oben scheint der Mond,
ein Objekt, nicht mehr lunatisch.
Sein oder nicht sein, das ist die Frage.
Doch welche Frage, Liebling, sage.
Eine politische Frage.

Du mußt nicht einmal ein menschliches Wesen sein,
um politisch bedeutsam zu werden.
Es genügt, du bist Rohöl,
Futtermittel oder Kunststoff.
Oder Konferenztisch, um dessen Form
monatelang gestritten wurde.
Wie hat er zu sein, wenn man über Leben und Tod verhandelt:
rund oder eckig.

Inzwischen fielen Menschen,
krepierten Tiere,
verbrannten Häuser
und verwilderten Felder
wie in den uralten,
nicht gar so politischen Zeiten.

Kinder der Zeit, aus: Wisława Szymborska, Hundert Freuden. Gedichte. Herausgegeben und aus dem Polnischen von Karl Dedecius. © der deutschen Ausgabe Suhrkamp Verlag Frankfurt am Main 1996.


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Beyrouth, 15.11.2015

Lettre de l’équipe de la documenta 14, suite aux attaques de Beyrouth (12.11.2015) et de Paris (13.11.2015)

Nous sommes arrivés à Beyrouth le 12 novembre au matin. Ce même jour, deux explosions ont frappé le faubourg Sud de la ville, faisant 43 morts et 239 blessés. Dans la nuit du vendredi 13, une série de six attaques coordonnées dans le centre de Paris, a fait 129 morts recensés et plus de 350 blessés, dont presque une centaine dans un état critique.

Nous étions venus à Beyrouth pour participer à «Home Works 7», un forum sur les pratiques culturelles organisé par Ashkal Alwan, l’Association libanaise pour les Arts plastiques (Lebanese Association for Plastic Arts), fondée en 1993 et regroupant un grand nombre de programmes publics, d’expositions et d’événements parallèles. Cette association rassemble un certain nombre d’artistes et de penseurs éminents venus du Moyen Orient, mais également d’autres régions.

Confrontés à ce qui paraît d’emblée indicible – la mort – nous avons réalisé, au fur et à mesure que nous écoutions les conférences et découvrions les pratiques des différents champs artistiques représentés à Ashkal Alwan, à quel point il était important de ne se murer dans le silence. Nous avons décidé qu’il fallait rendre possible l’écoute de ces nombreuses voix, dans le cadre de la documenta 14, deux ans avant son ouverture prévue à Athènes et à Cassel. Nous publions donc, sur ce site Web, des déclarations, des notes, des fragments et des citations obtenues de celles et ceux que nous rencontrons à Beyrouth, bientôt à Alger et ailleurs, puisque plusieurs membres de notre équipe se trouvent dans différentes parties du monde à l’heure où la réalité à l’échelle de la planète connait de profonds changements.

Cette lettre est une invitation. Voici la première de ces nombreuses voix.


Enfants de notre époque

Nous sommes enfants de notre époque,
et c’est une époque politique.

Toute la journée, tout au long de la nuit,
toutes les affaires – les vôtres, les nôtres, les leurs –
sont des affaires politiques.

Que cela vous plaise ou non,
vos gènes ont un passé politique,
votre peau, un marqueur politique,
vos yeux, une connotation politique.

Tout ce qu’on dit se répercute,
tout ce qu’on ne dit pas parle par soi-même.
D’une façon ou d’une autre, on parle de politique.

Même quand on part dans les bois,
on prend des mesures politiques
pour des raisons politiques.

Les poèmes apolitiques sont aussi politiques,
et au-dessus de nos têtes brille une lune
qui n’est plus véritablement lunaire.
Être ou ne pas être, tel est le problème.
Et même si cela trouble la digestion,
c’est un problème – comme toujours – de politique.

Pour acquérir une signification politique,
on n’a même pas besoin d’être humain.
Le matériau brut fera l’affaire,
ou la protéine biologique, ou le pétrole brut,

ou une table de conférence dont la forme
a été débattue pendant des mois :
devrions-nous trancher de la vie et de la mort
autour d’une table ronde ou à d’une table carrée ?

Pendant ce temps, des gens ont péri,
des animaux sont morts,
des maisons ont brûlé,
et les champs sont devenus des friches,
tout comme dans des temps immémoriaux
et moins politiques…


Wisława Szymborska
(Traduit par Denis-Armand Canal)

Gepostet in Notizen am 15.11.2015